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troupes. Plus de municipalité. L’assemblée électorale du département, dans cette ville hospitalière, se trouve abandonnée des magistrats, au milieu des coups de fusil.

Parmi les verdets de Froment se trouvaient les domestiques mêmes de plusieurs des officiers municipaux, pêle-mêle avec ceux du clergé. La troupe, la garde nationale, ne recevant nulle réquisition, Froment tenait seul le pavé ; ses gens égorgeaient à leur aise, ils commençaient à forcer les maisons des protestants. Pour peu qu’il gardât l’avantage, il lui fût venu de Sommières, qui n’est qu’à quatre lieues, un régiment de cavalerie, dont le colonel, très ardent, s’offrait, lui, ses hommes, sa bourse. La chose alors, prenant la figure d’une vraie révolution, le commandant de la province eût suivi enfin les ordres qu’il avait du comte d’Artois, il aurait marché sur Nîmes.

Chose tout à fait inattendue, ce fut Nîmes qui manqua. Des dix-huit compagnies catholiques formées par Froment, trois seulement le suivirent. Les quinze autres ne bougèrent. Grande leçon qui fit voir au clergé combien il s’était trompé sur l’état réel des esprits. Au moment de verser le sang, les vieilles haines fanatiques, habilement ravivées de jalousie sociale, ne furent pas assez fortes encore.

Cette grande et puissante Nîmes, qu’on avait cru pouvoir soulever si légèrement, resta ferme, comme ses indestructibles monuments, ses nobles et éternelles Arènes.

Un nombre infiniment petit des deux partis combat-