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qui criaient si haut, s’il leur eût fallu montrer de quelle huile et de quelle main ils avaient été sacrés ! Le plus sûr était pour eux de ne pas trop remuer cette question d’origine. Ils criaient de préférence sur la question la plus extérieure, la plus étrangère à l’ordre spirituel, la division des diocèses. On avait beau leur prouver que cette division, tout impériale dans son origine romaine et faite par le gouvernement, pouvait être modifiée par un autre gouvernement. Ils ne voulaient rien entendre et s’aheurtaient là… Cette division était la chose sainte et sacro-sainte ; nul dogme de la foi chrétienne n’était plus avant dans leur cœur… Si l’on ne convoquait un concile, si l’on n’en référait au pape, tout était fini ; on allait être schismatique, et de schismatique hérétique, d’hérétique sacrilège, athée, etc.

Ces facéties sérieuses, qui, à Paris, faisaient hausser les épaules, n’en avaient pas moins l’effet voulu dans l’Ouest et le Midi. On les répandait imprimées à nombre immense, avec la fameuse protestation en faveur des biens du clergé, laquelle arriva en deux mois à la trentième édition. Répété le matin en chaire, le soir commenté au confessionnal, orné de gloses meurtrières, ce texte de haine et de discorde allait exaspérant les femmes, ravivant les fureurs

    même avait le droit de nommer à tel bénéfice ; entre les lods et ventes, il acquérait le Saint-Esprit. — Le Saint-Esprit venait, hélas ! d’endroits plus tristes encore. Tel était évêques par la grâce de Mme de Polignac, tel fut nommé par la Pompadour, tel surpris à Louis XV dans les folâtres ébats de Mme Du Barry. Un joli abbé de vingt ans, l’abbé de Bourbon, doté de un million de rentes, venait d’une petite fille noble qui fut vendue par des parents.