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de torture, où les prêtres montrèrent aux rois qu’ils ne savaient rien, au prix d’eux, dans les arts honteux du plaisir. L’originalité de la construction, c’est que les lieux de torture n’étant pas bien éloignés des luxurieuses alcôves, des salles de bal et de festin, on aurait bien pu, parmi les chants des cours d’amour, entendre le râle, les cris, le bris sec des os qui craquaient… La prudence sacerdotale y avait pourvu par la savante disposition des voûtes, propres à absorber tous les bruits. La superbe salle pyramidale où le bûcher se dressait (figurez-vous l’intérieur d’un cône vide de soixante pieds), témoigne d’une effroyable entente de l’acoustique ; seulement, de place en place, quelques traînées de suie grasse rappellent les chairs brûlées.

L’autre lieu, saint et sacré, c’est le bagne de Toulon, le calvaire de la liberté religieuse, le lieu où moururent lentement, sous le fouet et le bâton, les confesseurs de la foi, les héros de la charité.

Qu’on songe que plusieurs de ces martyrs, condamnés aux galères perpétuelles, n’étaient pas des protestants, mais des hommes accusés d’avoir fait évader des protestants !

On en vendait sous Louis XV. À un prix honnête (trois mille francs), on pouvait acheter un galérien. M. de Choiseul, pour faire sa cour à Voltaire, lui en donne un, en pur don.

Ce code effroyable que la Terreur copia, sans pouvoir jamais l’atteindre, arme les enfants contre les pères, leur donne d’avance leurs biens, en sorte