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Révolution qui, pour principal organe, avait l’émeute de Paris. Elle rugissait aux portes, se faisait souvent entendre plus haut que les députés.

Le beau rôle était au Clergé, d’abord parce qu’il semblait être dans un danger personnel ; ce danger le relevait ; tel prélat incrédule, licencieux, intrigant, se trouvait tout à coup, par la grâce de l’émeute, posé dans la gloire du martyre. Martyre impossible pourtant, avec les précautions infinies de M. de La Fayette, si fort alors, si populaire, à son apogée, vrai roi de Paris.

Le Clergé avait encore pour lui l’avantage d’une position simple et l’extérieur de la foi. Interrogé jusqu’ici, mis sur la sellette par l’esprit du siècle, c’est lui maintenant qui interroge. Il demande fièrement : « Êtes-vous catholique ? » — L’Assemblée répond timidement, d’un ton suspect, équivoque, qu’elle ne peut pas répondre, qu’elle respecte trop la religion pour répondre, qu’en salariant un seul culte elle prouve assez, etc.

Mirabeau dit hypocritement : « Faut-il décréter que le soleil luit ?… » Et un autre : « Je crois la religion catholique la seule véritable, je la respecte infiniment… Il est dit : « Les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre elle. » Et nous croirions par un misérable décret confirmer une telle parole ? » etc.

D’Espreménil arracha ce masque par un mot violent : « Oui, dit-il, quand les Juifs crucifièrent Jésus-Christ, ils disaient : « Salut, roi des Juifs ! »

Personne ne répondit à cette terrible attaque. Mirabeau se tut, se ramassa sur lui-même, comme le lion