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nait indéfiniment des pensions alimentaires de veuves et autres malheureux, de deux cents, trois cents ou quatre cents livres.

Le roi payait les émigrés sans égard à un décret par lequel depuis deux mois l’Assemblée avait essayé de retenir cet argent qui passait à nos ennemis. Il avait justement oublié de sanctionner ce décret. L’irritation augmenta lorsque Camus, le sévère rapporteur du comité des finances, déclara ne point découvrir l’emploi d’une somme de soixante millions. L’Assemblée ordonna que, pour tout décret présenté à la sanction, le garde des sceaux rendrait compte dans la huitaine de la sanction royale ou du refus de sanction.

Grands cris, grande lamentation sur cette exigence outrageuse à la volonté du roi… Camus répondit en faisant imprimer le trop célèbre Livre rouge (1er  avril), que le roi avait confié, dans l’espoir qu’il resterait secret entre lui et le comité. Ce livre immonde, sale à chaque page des ordures de l’aristocratie, des faiblesses criminelles de la royauté, montra si l’on avait tort de fermer l’égout par où s’en allait la vie de la France… Beau livre, avec tout cela ! il enfonça la Révolution dans le cœur des hommes.

« Oh ! que nous avons eu raison ! » Ce fut le cri général, et qu’on était loin, dans les plus violentes

    des employés pour Paris, des pages pour les Tuileries, etc. On confectionnait ici, pour les envoyer à Trèves, des uniformes de gardes de corps. On faisait venir d’Angleterre des chevaux pour monter les officiers de là-bas. Le roi prie Lambesc de vouloir bien prendre au moins des chevaux français.