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s’élèvent : « Blasphème ! blasphème ! il a blasphémé. » L’évêque de Nancy s’élance à la tribune : « Reconnaissez-vous que la religion catholique, apostolique et romaine est la religion nationale ?… » L’Assemblée sentit le coup, l’esquiva. On répondit qu’il s’agissait surtout de finances dans la suppression des couvents, qu’il n’était personne qui ne crût la religion catholique religion nationale, que la sanctionner par un décret, ce serait la compromettre.

Ceci le 13 février. Le 18, on apporta un libelle, répandu en Normandie, où l’Assemblée était désignée à la haine du peuple, comme assassinant à la fois la religion et la royauté. Pâques approchait ; l’occasion fut saisie, on vendit, on distribua, autour des églises, un pamphlet terrible : La Passion de Louis XVI.

L’Assemblée, à cette légende, pouvait en opposer une autre, d’égal intérêt, c’est que Louis XVI, qui jurait, le 4 février, amour à la constitution, avait près de son frère, au milieu des ennemis mortels de la constitution, un agent en permanence ; que Turin, Trêves et Paris étaient comme une même cour, entretenue, payée par le roi.

À Trêves existait, soldée, habillée par lui, sa maison militaire, sa grande et petite écurie, sous le prince de Lambesc[1]. On payait Artois, Condé, Lambesc, tous les émigrés, et des pensions énormes. Et l’on ajour-

  1. Tout continuait comme à Versailles. C’était un ministère que le roi avait publiquement à l’étranger. Rien ne se faisait à Paris qui ne fût réglé à Trèves. Les états de dépenses et autres papiers (inédits) montrent Lambesc signant les comptes, faisant droit à des pétitions envoyées de Paris, nommant