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lition des vœux, l’ouverture des monastères, la liberté des moines et religieuses.

Le Clergé prend sa revanche. Quand il s’agit d’abolir les droits féodaux, la Noblesse crie à son tour à la violence, à l’atrocité, etc. Le Clergé, du moins la majorité du Clergé, laisse crier la Noblesse, vote contre elle, aide à sa ruine.

Les conseillers du comte d’Artois, M. de Calonne et autres, les conseillers autrichiens de la reine, étaient certainement, comme le parti de la Noblesse en général, très favorables à la spoliation du Clergé, pourvu qu’elle se fît par eux. Plutôt que d’employer l’arme du vieux fanatisme, ils aimaient beaucoup mieux faire appel à l’étranger. Ils n’y avaient nulle répugnance. La reine, dans l’étranger, voyait son propre parent. La Noblesse avait par toute l’Europe des relations de famille, de caste, de culture commune, qui la rendaient très philosophe à l’endroit des préjugés vulgaires de nationalité… Quel Français était plus Français que le général de l’Autriche, le charmant prince de Ligne ?… La philosophie française ne régnait-elle pas à Berlin ? Quant à l’Angleterre, pour nos nobles les plus avancés, c’était justement l’idéal, la terre classique de la liberté. Il n’y avait pour eux que deux nations en Europe, celle des honnêtes gens et celle des malhonnêtes gens. Pourquoi n’aurait-on pas appelé les premiers en France, pour mettre à la raison les autres ?

Voilà donc trois contre-révolutions qui agissent sans pouvoir s’entendre :