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joindre aux Espagnols et de les mettre en rapport avec son ancien parti.

« Ce qui a perdu Louis XVI, dit Froment dans ses brochures, c’est d’avoir eu des ministres philosophes. » Il pouvait étendre ceci bien plus loin, avec non moins de raison. Ce qui rendait la contre-révolution généralement impuissante, c’est qu’elle avait en elle, à des degrés différents, mais enfin qu’elle avait au cœur la philosophie du siècle, c’est-à-dire la Révolution même.

J’ai dit, dans mon Introduction, que tous alors, la reine même, le comte d’Artois, la noblesse, étaient, à des degrés différents, atteints de l’esprit nouveau.

La langue du vieux fanatisme était pour eux une langue morte. Le réveiller dans les masses, c’était une opération incompréhensible à de tels esprits. Le peuple soulevé, même pour eux, leur faisait peur. D’ailleurs, rendre force au clergé, c’était chose toute contraire aux idées de la noblesse ; elle avait toujours attendu, espéré la dépouille du clergé. Les cahiers de ces deux ordres étaient opposés, hostiles. La Révolution, qui devait les rapprocher, les avait brouillés encore. Les propriétaires nobles, dans certaines provinces, par exemple en Languedoc, gagnaient par la suppression des dîmes ecclésiastiques plus qu’ils ne perdaient en droits féodaux.

Dans la discussion des vœux monastiques (février), pas un noble n’aide le Clergé. Lui seul défend la vieille tyrannie des vœux irrévocables. Les nobles votent avec leurs adversaires ordinaires pour l’abo-