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transition plus rapide, moins ménagée, qu’il n’arrive ordinairement dans le cours des choses humaines. Ce changement n’est nullement un hasard ; c’est la crise même du temps, le destin de la Révolution. Donc deux sujets et aussi deux couleurs et deux lumières : l’une éclatante d’espoir ; l’autre intense, concentrée et sombre. On se rappelle le projet proposé par quelques savants pour illuminer Paris : deux phares de lumière électrique, qui, allumés sur deux tours, éclaireraient d’un demi-jour les rues les plus obscures et les plus profondes, fortifiant les lumières partielles, locales, du gaz ou des réverbères. Voilà mon livre. Les deux phares qui en éclairent les deux côtés sont : 1o les fédérations ; 2o les clubs, Jacobins et Cordeliers. Ces deux sujets dominent tout, se représentent partout ; aux chapitres où nous paraissons nous en éloigner le plus, ils reviennent invinciblement ; lors même qu’ils n’apparaissent pas, ils n’en font pas moins sentir leur présence à la couleur très diverse dont ils teignent les objets, joyeuse lumière d’un feu de hêtre, brillant comme le matin, sombre lueur d’un feu de houille, dont la flamme intense, tout en éclairant, augmente l’impression de la nuit, rend les ténèbres visibles.

Pour nous, joyeuse ou mélancolique, lumineuse ou obscure, la voie de l’histoire a été simple, directe ; nous suivions la voie royale (ce mot pour nous veut dire populaire), sans nous laisser détourner aux sentiers tentateurs où vont les esprits subtils ; nous