de l’Angleterre ; nous lui livrons notre commerce, notre honneur, jusqu’à nos secrets d’État. Qui croirait qu’en pleine paix, pour sept années seulement, ce prince aimable trouve moyen d’ajouter aux deux milliards et demi de dette que laisse Louis XIV sept cent cinquante millions de plus ? — Le tout, payé net… en papier.
« Si j’étais sujet, disait-il, je me révolterais à coup sûr. » Et comme on lui disait qu’en effet une émeute allait avoir lieu, il dit : « Le peuple a raison, il est bien bon de tant souffrir ! »
Fleury est aussi économe que le Régent fut prodigue. La France se refait-elle ? J’en doute, quand je vois qu’en 1739, on présente à Louis XV le pain que mangeait le peuple, du pain de fougère. L’évêque de Chartres lui dit que, dans son diocèse, les hommes broutaient avec les moutons. Ce qui peut-être est plus fort, c’est que M. d’Argenson (un ministre), parlant des souffrances du temps, lui oppose le bon temps. Devinez lequel ? Celui du Régent et de Monsieur le Duc, le temps où la France, éreintée par Louis XIV et n’étant plus qu’une plaie, y applique pour remède la banqueroute de trois milliards.
Tout le monde voit venir la crise. Fénelon le dit dès 1709 : « La vieille machine se brisera au premier choc. » Elle ne se brise pas encore. La maîtresse de Louis XV, Mme de Châteauroux, vers 1743 : « Il y aura un grand bouleversement, je le vois, si l’on n’y apporte remède. » — Oui Madame, tout le monde le voit, et le roi, et celle qui vous succède, Mme de Pom-