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II. Que demande-t-il, en retour de ce sacrifice immense ? Une seule chose : qu’on y croie, qu’on se croie en effet sauvé par le sang de Jésus-Christ. La foi est la condition du salut, non les œuvres de justice. Nulle Justice hors de la foi. Qui ne croit pas est injuste. La Justice, sans la foi, sert-elle à quelque chose ? À rien.

Saint Paul, en posant ce principe du salut par la foi seule, a mis la justice hors de cour. Elle n’est désormais tout au plus qu’un accessoire, une suite, un des effets de la foi.

III. Sortis une fois de la Justice, il nous faut aller toujours, descendre dans l’arbitraire.

Croire ou périr !… La question posée ainsi, on découvre avec terreur qu’on périra, que le salut est attaché à une condition indépendante de la volonté. On ne croit pas comme on veut.

Saint Paul avait établi que l’homme ne peut rien par ses œuvres de justice, qu’il ne peut que par la foi. Saint Augustin démontre son impuissance en la foi même. Dieu seul la donne ; il la donne gratuitement, sans rien exiger, ni foi ni justice. Ce don gratuit, cette grâce est la seule cause du salut. Dieu fait grâce à qui il veut. Saint Augustin a dit : « Je crois parce que c’est absurde. » Il pouvait dire en ce système : « Je crois, parce que c’est injuste. »

L’arbitraire ne va pas plus loin. Le système est consommé. Dieu aime, nulle autre explication, il aime qui lui plaît, le dernier de tous, le pécheur, le