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Christianisme, qu’elle venait le continuer, le réaliser, tenir tout ce qu’il a promis.

Si cette assertion est fondée, le dix-huitième siècle, les philosophes, les précurseurs, les maîtres de la Révolution, se sont trompés, ils ont fait tout autre chose que ce qu’ils ont voulu faire. Généralement ils ont un tout autre but que l’accomplissement du Christianisme.

Si la Révolution était cela, rien de plus, elle ne serait pas distincte du Christianisme, elle serait un âge ; elle serait son âge viril, son âge de raison. Elle ne serait rien en elle-même. En ce cas, il n’y aurait pas deux acteurs, mais un seul, le Christianisme. S’il n’y a qu’un acteur, il n’y a point de drame, point de crise ; la lutte que nous croyons voir est une pure illusion ; le monde paraît s’agiter, en réalité il est immobile.

Mais non, il n’en est pas ainsi. La lutte n’est que trop réelle. Ce n’est pas ici un combat simulé entre le même et le même. Il y a deux combattants.

Et il ne faut pas dire non plus que le principe nouveau n’est qu’une critique de l’ancien, un doute, une pure négation. — Qui a vu une négation ? Qu’est-ce qu’une négation vivante, une négation qui agit, qui enfante comme celle-ci ?… Un monde est né d’elle hier… Non, pour produire, il faut être.

Donc il y a deux choses et pas une, nous ne pouvons le méconnaître, deux principes, deux esprits, l’ancien, le nouveau.

En vain le jeune, sûr de vivre et d’autant plus