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mirent à dire qu’on l’avait payée ; elle eut beau retourner ses poches, montrer qu’elle était sans argent ; les femmes lui passaient au col leurs jarretières pour l’étrangler. On l’en tira, non sans peine. Il fallut qu’elle remontât au château, qu’elle obtînt du roi un ordre écrit pour faire venir des blés, pour lever tout obstacle à l’approvisionnement de Paris.

Aux demandes du président le roi avait dit tranquillement : « Revenez sur les neuf heures. » Mounier n’en était pas moins resté au château, à la porte du conseil, insistant pour une réponse, frappant d’heure en heure, jusqu’à dix heures du soir. Mais rien ne se décidait.

Le ministre de Paris, M. de Saint-Priest, avait appris la nouvelle fort tard (ce qui prouve combien le départ pour Versailles fut imprévu, spontané). Il proposa que la reine partît pour Rambouillet, que le roi restât, résistât et, au besoin, combattît ; le seul départ de la reine eût tranquillisé le peuple et dispensé de combattre. M. Necker voulait que le roi allât à Paris, qu’il se confiât au peuple, c’est-à-dire qu’il fût franc, sincère, acceptât la Révolution. Louis XVI, sans rien résoudre, ajourna le conseil, afin de consulter la reine.

Elle voulait bien partir, mais avec lui, ne pas laisser à lui-même un homme si incertain ; le nom du roi était son arme pour commencer la guerre civile. Saint-Priest, vers sept heures, apprit que M. de La Fayette, entraîné par la garde nationale, marchait sur Versailles. « Il faut partir sur-le-champ,