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à coups de pierres ; on ne put se décider à tirer sur elles ; elles forcèrent l’Hôtel de Ville, entrèrent dans tous les bureaux. Beaucoup étaient assez bien mises, elles avaient pris une robe blanche pour ce grand jour. Elles demandaient curieusement à quoi servait chaque salle et priaient les représentants des districts de bien recevoir celles qu’elles avaient amenées de force, dont plusieurs étaient enceintes et malades, peut-être de peur. D’autres femmes, affamées, sauvages, criaient : Du pain et des armes ! Les hommes étaient des lâches, elles voulaient leur montrer ce que c’était que le courage… Tous les gens de l’Hôtel de Ville étaient bons à pendre, il fallait brûler leurs écritures, leurs paperasses… Et elles allaient le faire, brûler le bâtiment peut-être… Un homme les arrêta, un homme de taille très haute, en habit noir, d’une figure sérieuse et plus triste que l’habit. Elles voulaient le tuer d’abord, croyant qu’il était de la Ville, disant qu’il était un traître… Il répondit qu’il n’était pas traître, mais huissier de son métier, l’un des vainqueurs de la Bastille. C’était Stanislas Maillard.

Dès le matin, il avait utilement travaillé dans le faubourg Saint-Antoine. Les volontaires de la Bastille, sous le commandement de Hullin, étaient sur la place en armes ; les ouvriers qui démolissaient la forteresse crurent qu’on les envoyait contre eux. Maillard s’interposa, prévint la collision. À la Ville, il fut assez heureux pour empêcher l’incendie. Les femmes promettaient même de ne point laisser