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PRÉFACE

(1847)


Chaque année, lorsque je descends de ma chaire, que je vois la foule écoulée, encore une génération que je ne reverrai plus, ma pensée retourne en moi.

L’été s’avance, la ville est moins peuplée, la rue moins bruyante, le pavé plus sonore autour de mon Panthéon. Ses grandes dalles blanches et noires retentissent sous mes pieds.

Je rentre en moi. J’interroge sur mon enseignement, sur mon histoire, son tout-puissant interprète, l’esprit de la Révolution.

Lui, il sait, et les autres n’ont pas su. Il contient leur secret, à tous les temps antérieurs. En lui seulement la France eut conscience d’elle-même. Dans tout moment de défaillance où nous semblons nous oublier, c’est là que nous devons nous chercher, nous ressaisir. Là se garde toujours pour nous le profond mystère de vie, l’inextinguible étincelle.

La Révolution est en nous, dans nos âmes ; au