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vaguement, elle se plaint, elle s’indigne, comme le peuple, sans trop savoir ce qu’il faut faire. Elle voit bien en général qu’il y aura « un second accès de révolution ». Mais comment ? Dans quel but précis ? Elle ne saurait bien le dire. Pour l’indication des remèdes, la presse, ce jeune pouvoir, devenu si grand tout à coup dans l’impuissance des autres, la presse même est impuissante.

Elle fait peu dans les jours qui précèdent le 5 octobre, l’Assemblée fait peu, et l’Hôtel de Ville fait peu… Pourtant tout le monde sent bien qu’une grande chose va venir. Mirabeau, recevant un jour son libraire de Versailles, renvoie ses trois secrétaires, ferme la porte et lui dit : « Mon cher Blaisot, vous verrez bientôt ici de grands malheurs, du sang… J’ai voulu, par amitié, vous prévenir. N’ayez pas peur au reste : il n’y a pas de danger pour les braves gens comme vous. »