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chassât les Savoyards, il se montra ferme et sévère autant que judicieux.

Vrai journaliste, il était l’homme du jour, non celui du lendemain. Lorsque Camille Desmoulins publie son livre de La France libre, où il supprime le roi, Loustalot, tout en le louant, lui trouve de l’exagération, l’appelle une tête exaltée.

Marat, peu connu alors, avait violemment attaqué Bailly dans l’Ami du peuple, et comme fonctionnaire et comme homme. Loustalot le défendit.

Il envisageait le journalisme comme une fonction publique, une sorte de magistrature. Nulle tendance aux abstractions. Il vit uniquement dans la foule, en sent les besoins, les souffrances ; il s’occupe avant tout des subsistances, de la grande question du moment, le pain. Il propose des machines pour moudre le blé plus vite. Il va voir les infortunés qu’on fait travailler à Montmartre. Ces malheureux qui, à force de misère, n’ont presque plus figure humaine, cette déplorable armée de fantômes ou de squelettes qui font peur plus que pitié, Loustalot trouve un cœur pour eux, des paroles touchantes et d’une compassion douloureuse.

Paris ne pouvait rester ainsi. Il fallait relever la royauté absolue ou fonder la liberté.

Le lundi matin, 31 août, Loustalot, trouvant les esprits plus calmes que le dimanche soir, harangua le Palais-Royal. Il dit que le remède n’était pas d’aller à Versailles et fit une proposition moins violente, plus hardie. C’était d’aller à la Ville, d’obtenir