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pour l’avenir, pour le moment maintenue, jusqu’à ce qu’on eût pourvu à l’entretien des pasteurs (11 août).

La résistance du Clergé ne pouvait être sérieuse. Il avait contre lui presque toute l’Assemblée. Mirabeau parla trois fois ; il fut, encore plus qu’à l’ordinaire, hardi, hautain, souvent ironique, sous formes respectueuses. Il savait bien l’assentiment qu’il devait trouver et dans l’Assemblée et dans le public. Les grandes thèses du dix-huitième siècle furent reproduites en passant, comme choses consenties, d’avance admises, incontestables. Voltaire revint là, terrible, rapide et vainqueur. La liberté religieuse fut consacrée dans la Déclaration des droits, et non pas la tolérance, mot ridicule, qui suppose un droit à la tyrannie. Celui de religion dominante, culte dominant, que demanda le Clergé, fut traité comme il méritait. Le grand orateur, organe en ceci et du siècle et de la France, mit ce mot au ban de toute législation. « Si vous l’écrivez, dit-il, ayez donc aussi une philosophie dominante, des systèmes dominants… Rien ne doit dominer que le droit et la justice. »

Ceux qui connaissent par l’histoire, par l’étude du Moyen-âge, la prodigieuse ténacité du Clergé à défendre son moindre intérêt, peuvent dès ce moment juger des efforts qu’il va faire pour sauver ses biens, son bien le plus précieux, sa chère intolérance.

Une chose lui donnait cœur, c’est que la noblesse de province, les parlementaires, tout l’Ancien-Régime, étaient unis avec lui dans leur résistance commune