ment le mot de la situation était Buzot, l’un des chefs de la future Gironde, jeune et austère figure, ardente et mélancolique[1], de celles qui portent écrite au front une courte destinée.
L’emprunt, essayé, manqué, repris, fut voté enfin. Il était difficile de le faire voter, plus difficile de le faire remplir. À qui le public allait-il prêter ? À l’Ancien-Régime ou à la Révolution ? On ne le savait pas encore. Une chose était plus sûre et claire pour tous les esprits, l’inutilité du clergé, son indignité parfaite, l’incontestable droit qu’elle donnait à la nation sur les biens ecclésiastiques. On connaissait les mœurs des prélats, l’ignorance du clergé inférieur. Les curés avaient des vertus, quelques instincts de résistance, point de lumières ; partout où ils dominaient, ils étaient un obstacle à toute culture du peuple, ils le faisaient rétrograder. Pour ne citer qu’un exemple, le Poitou, civilisé au seizième siècle, devint barbare sous leur influence ; ils nous préparaient la Vendée.
La Noblesse le voyait, tout aussi bien que le peuple ; elle demande dans ses cahiers un emploi plus utile de tels et tels biens d’Église. Les rois le voyaient bien aussi ; plusieurs fois ils avaient fait des réformes partielles, la réforme des Templiers, la réforme de Saint-Lazare, celle des Jésuites. Il y avait mieux à faire.
Ce fut un membre de la Noblesse, le marquis de Lacoste, qui, le 8 août, prit l’initiative d’une propo-
- ↑ Voir son portrait dans les Mémoires de Madame Roland, t. II.