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vous la pensent, nul ne l’avouera. C’est que, depuis longtemps, la doctrine avait tari, que vous ne disiez plus rien au peuple, n’ayant rien à dire, que vous aviez vécu vos âges, un âge d’enseignement, un âge de polémique…, que tout passe et se transforme ; les cieux mêmes passeront… Attachés pesamment aux formes, n’en pouvant séparer l’esprit, n’osant aider le phénix à mourir pour vivre encore, vous êtes restés muets, inactifs, au sanctuaire, occupant la place du prêtre… Mais le prêtre n’était plus.

Sortez du temple. Vous y étiez pour le peuple, pour lui donner la lumière. Sortez, votre lampe est éteinte. Ceux qui bâtirent ces églises et vous les prêtèrent vous les redemandent. Qui furent-ils ? La France d’alors ; rendez-les à la France d’aujourd’hui.


Aujourd’hui (août 1789), la France reprend la dîme, et demain (le 2 novembre) elle reprendra les biens. De quel droit ? Un grand juriste le dit : « Par droit de déshérence. » L’Église morte n’a pas d’héritier. À qui revient son patrimoine ? À son auteur, à la patrie, d’où naîtra la nouvelle Église.

Le 6 août, pendant que l’Assemblée se traînait dans la discussion d’un emprunt proposé par Necker, et qui, de son aveu, ne suffisait pas pour deux mois, un homme monte à la tribune, un homme qui jusque-là parlait rarement ; cette fois, il dit un seul mot : « Les biens ecclésiastiques appartiennent à la nation. »

Grande rumeur… L’homme qui avait dit franche-