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anciens traités de leur province avec la France, n’en manifestèrent pas moins le désir de se réunir. La Provence en dit autant, puis la Bourgogne et la Bresse, la Normandie, le Poitou, l’Auvergne, l’Artois. La Lorraine, en termes touchants, dit qu’elle ne regretterait pas la domination de ses souverains adorés, qui furent les pères du peuple, si elle avait le bonheur de se réunir à ses frères, d’entrer avec eux tous ensemble dans cette maison maternelle de la France, dans cette immense et glorieuse famille !

Puis ce fut le tour des villes. Leurs députés vinrent en foule déposer leurs privilèges sur l’autel de la patrie.

Les officiers de justice ne pouvaient percer la foule qui entourait la tribune pour y apporter leur tribut. Un membre du Parlement de Paris se joignit à eux, renonçant à l’hérédité des offices, à la noblesse transmissible.

L’archevêque de Paris demanda qu’on se souvînt de Dieu dans ce grand jour, qu’on chantât un Te Deum.

« Et le roi, Messieurs, dit Lally, le roi qui nous a convoqués après une si longue interruption de deux siècles, n’aura-t-il pas sa récompense ?… Proclamons-le le restaurateur de la liberté française ! »


La nuit était avancée, il était deux heures. Elle emportait, cette nuit, l’immense et pénible songe