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reprochait à l’Assemblée, avec une force, une autorité singulière, de n’avoir pas prévenu l’incendie des châteaux, en brisant, dit-il, les armes cruelles qu’ils contiennent, ces actes iniques qui ravalent l’homme à la bête, qui attellent à la charrette l’homme et l’animal, qui outragent la pudeur… « Soyons justes ; qu’on nous les apporte, ces titres, monuments de la barbarie de nos pères. Qui de nous ne ferait un bûcher expiatoire de ces infâmes parchemins ?… Vous n’avez pas un moment à perdre ; un jour de délai occasionne de nouveaux embrasements ; la chute des empires est annoncée avec moins de fracas. Ne voulez-vous donner des lois qu’à la France dévastée ? »

L’impression fut profonde. Un autre Breton l’affaiblit en rappelant des droits bizarres, cruels, incroyables : le droit qu’aurait eu le seigneur d’éventrer deux de ses vassaux au retour de la chasse et de mettre ses pieds dans leur corps sanglant !


Un gentilhomme de province, M. de Foucault, s’attaquant aux grands seigneurs qui avaient ouvert cette discussion fâcheuse, demanda qu’avant tout les grands sacrifiassent les pensions et traitements, les dons monstrueux qu’ils tirent du roi, ruinant doublement le peuple, et par l’argent qu’ils extorquent, et par l’abandon où tombe la province, tous les riches suivant leur exemple, désertant leurs terres et s’attachant à la cour.

MM. de Guiche et de Mortemart crurent l’attaque