d’espionner les espions, de se faire lieutenant de police !
Le premier éveil fut donné par les lettres de Dorset au comte d’Artois, par ses explications plus alarmantes encore, par l’avis du complot de Brest, caché si longtemps par la cour. Le 27 juillet, Duport proposa de créer un comité de recherches, composé de quatre personnes. Il dit ces paroles sinistres : « Dispensez-moi d’entrer dans aucune discussion. On trame des complots… Il ne doit pas être question de renvoi devant les tribunaux. Nous devons acquérir d’affreuses et indispensables connaissances. »
Le nombre quatre rappelait de trop près les trois inquisiteurs d’État. On le porta jusqu’à douze.
L’esprit de l’Assemblée, quelles que fussent ses nécessités, n’était nullement celui de police et d’inquisition. Une discussion très grave eut lieu pour savoir si l’on violerait le secret des lettres, si l’on ouvrirait cette correspondance suspecte, adressée à un prince qui, par sa fuite précipitée, se déclarait ennemi. Gouy d’Arcy et Robespierre voulaient qu’on ouvrît. L’Assemblée, sur l’avis de Chapelier, de Mirabeau, et de Duport même, qui venait de demander une sorte d’inquisition d’État, l’Assemblée magnanimement déclara le secret des lettres inviolable, refusa de les ouvrir et les fît restituer.
Cette décision rendit courage aux partisans de la cour. Ils firent trois choses hardies.
Sieyès était porté à la présidence. Ils lui opposèrent un homme fort estimé, fort agréable à l’Assemblée, l’éminent légiste de Rouen, Thouret. Son