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palités bien organisées, des gardes bourgeoises et une justice légale qui pût rassurer le peuple.

Quelle serait cette justice ?

Un député suppléant, Dufresnoy, envoyé par un district de Paris, demandait soixante jurés, pris dans les soixante districts. Cette proposition, appuyée par Pétion, était modifiée par un autre député, qui voulait aux jurés associer des magistrats.

L’Assemblée ne décida rien. À une heure après minuit, de guerre lasse, elle adopta une proclamation dans laquelle elle réclamait la poursuite des crimes de lèse-nation, se réservant d’indiquer dans la constitution le tribunal qui jugerait… C’était remettre à longtemps… Elle invitait à la paix, sur le motif : que le roi avait acquis plus de droits que jamais à la confiance du peuple, qu’il existait un concert parfait, etc.

Confiance ! et jamais plus il n’y eut de confiance !

Au moment même où l’Assemblée parlait de confiance, une triste lumière avait lui ; on voyait de nouveaux périls.

L’Assemblée avait eu tort ; le peuple avait eu raison.

Quelque envie qu’on eût de se tromper, de croire tout fini, le bon sens disait que l’Ancien-Régime, vaincu, voudrait prendre sa revanche. Un pouvoir qui avait, depuis des siècles, toutes les forces du pays dans ses mains, administration, finances, armées, tribunaux, qui avait encore partout ses agents, ses officiers, ses juges, sans aucun changement, et, pour partisans forcés, deux ou trois cent mille nobles ou