Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/314

Cette page a été validée par deux contributeurs.

électeurs se troublaient de plus en plus. Un flot tout nouveau de foule ayant percé la foule même, il n’y eut plus moyen de tenir. Le maire, sur l’avis du bureau, dit : « À l’Abbaye ! » ajoutant que la garde répondait du prisonnier. Elle ne put le défendre, mais lui se défendit, il empoigna un fusil… Cent baïonnettes le percèrent ; un dragon qui lui imputait la mort de son père lui arracha le cœur et l’alla montrer à l’Hôtel de Ville.

Ceux qui avaient observé, des fenêtres dans la Grève, l’habileté des meneurs à pousser, échauffer les groupes, crurent que les complices de Berthier avaient bien pris leurs mesures pour qu’il n’eût pas le temps de faire des révélations. Lui seul, peut-être, avait la vraie pensée du parti. Dans son portefeuille, on trouva le signalement de beaucoup d’amis de la liberté qui, sans doute, n’avaient rien de bon à attendre si la cour avait vaincu.

Quoi qu’il en soit, un grand nombre des camarades du dragon lui déclarèrent qu’ayant déshonoré le corps, il devait mourir, et que tous ils se battraient contre lui, jusqu’à ce qu’il fût tué. Il le fut dès le soir même.