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le roi, pour le pape et contre le pape, défenseur de la loi et champion du privilège, il parle de liberté et résiste un siècle à tout progrès libéral. Lui aussi, autant que le roi, il a trompé l’espoir du peuple. Quelle joie, quel enthousiasme quand le Parlement revint de l’exil, à l’avènement de Louis XVI ! Et c’est pour répondre à cette confiance qu’il s’unit aux privilégiés, arrête toute réforme, fait chasser Turgot ! — En 1787, le peuple le soutient encore, et, pour l’en récompenser, le Parlement demande que les États généraux soient calqués sur la vieille forme de 1614, c’est-à-dire inutiles, impuissants et dérisoires !

Non, le peuple ne peut se fier au pouvoir judiciaire.

Chose étrange, c’est ce pouvoir, gardien de l’ordre et des lois, qui a commencé l’émeute. Elle s’essaye autour du Parlement, à chaque lit de justice. Elle est encouragée des sourires du magistrat. Les jeunes conseillers, les d’Espreménil, les Duport, pleins des souvenirs de la Fronde, ne demandent qu’à copier Broussel et le Coadjuteur. La basoche organisée fournit une armée de clercs ; elle a son roi, ses jugements, ses prévôts, vieux étudiants, comme était Moreau à Rennes, brillants parleurs et duellistes, comme Barnave à Grenoble. La solennelle défense faite aux clercs de porter l’épée ne les rend que plus belliqueux.

Le premier club fut celui que le conseiller Duport ouvrit chez lui, rue du Chaume au Marais. Il y réunit les parlementaires les plus avancés, des avocats, des