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CHAPITRE II

JUGEMENTS POPULAIRES


Aucun pouvoir n’inspire confiance. — Le pouvoir judiciaire a perdu la confiance. — Club breton. — Avocats, basoche. — Danton et Camille Desmoulins. — Barbarie des lois, des supplices. — Jugement du Palais-Royal. — La Grève et la faim. — Mort de Foulon et de Berthier, 22 juillet 1789.


La royauté reste seule. Les privilégiés s’exilent ou se soumettent ; ils déclarent qu’ils voteront désormais dans l’Assemblée nationale, subiront la majorité ; isolée et découverte, la royauté apparaît ce que depuis longtemps elle était au fond : un néant.

Ce néant, c’était la vieille foi de la France ; et cette foi déçue fait maintenant sa méfiance, son incrédulité ; il la rend prodigieusement inquiète et soupçonneuse. Avoir cru, avoir aimé, avoir été depuis un siècle toujours trompé dans cet amour, c’est de quoi ne plus croire à rien.

Où sera la foi maintenant ?… On éprouve à cette question un sentiment de terreur et de solitude, comme Louis XVI lui-même au fond de son palais