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tout le monde s’armait ; personne n’était disposé à recevoir paisiblement les Croates et les Pandours, à porter les clés à la reine. Le lundi matin, dès six heures, toutes les cloches de toutes les églises sonnant coup sur coup le tocsin, quelques électeurs se rendent à l’Hôtel de Ville, y trouvent déjà la foule, la renvoient dans les districts. À huit heures, voyant qu’elle insiste, ils affirment que la garde bourgeoise est autorisée, ce qui n’était pas encore. Le peuple crie toujours : « Des armes ! » à quoi les électeurs répondent : « Si la Ville en a, on ne peut les obtenir que par le prévôt des marchands. — Eh bien, envoyez-le chercher ! »

Le prévôt Flesselles, ce même jour, était mandé à Versailles par le roi, à l’Hôtel de Ville par le peuple. Soit qu’il n’osât se refuser à cet appel de la foule, soit qu’il crût pouvoir mieux servir le roi à Paris, il alla à l’Hôtel de Ville, fut applaudi dans la Grève, dit paternellement : « Vous serez contents, mes amis, je suis votre père. » Il déclara dans la salle qu’il ne voulait présider que par élection du peuple. Là-dessus, nouveaux transports.

Il n’y avait pas encore d’armée parisienne, et l’on discutait déjà quel serait le général. L’Américain Moreau de Saint-Méry, qui présidait les électeurs, montra un buste de La Fayette, et ce nom fut fort applaudi. D’autres proposèrent, obtinrent qu’on offrît le commandement au duc d’Aumont, qui demanda vingt-quatre heures pour réfléchir, et puis refusa. Le commandant en second fut le marquis de La Salle,