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semblée, mais à l’archevêque de Paris, que, si les coupables rentrent en prison, il pourra faire grâce. La foule trouva cette promesse si peu sûre qu’elle alla demander à la Ville, aux électeurs, ce qu’il fallait croire. Longue hésitation de ceux-ci ; mais la foule insiste, elle augmente à chaque instant. À une heure après minuit, les électeurs s’engagent à aller demain à Versailles, à ne point rentrer sans la grâce. Sur leur parole, les délivrés se mirent eux-mêmes en prison et furent élargis bientôt.

Ceci n’était point de la paix. La guerre enveloppait Paris, tous les régiments étrangers étaient arrivés. On avait appelé pour les commander l’Hercule et l’Achille de la vieille monarchie, le vieux maréchal de Broglie. La reine avait mandé Breteuil, son homme de confiance, ex-ambassadeur à Vienne, homme de plume, mais qui, pour le bruit et les bravades, valait tout homme d’épée. « Son gros son de voix ressemblait à de l’énergie ; il marchait à grand bruit, en frappant du pied, comme s’il avait voulu faire sortir une armée de terre… »

Tout cet appareil de guerre réveilla enfin l’Assemblée. Mirabeau, qui déjà le 27 avait lu, sans être écouté, une adresse pour la paix, en proposa une nouvelle pour l’éloignement des troupes ; cette pièce, harmonieuse et sonore, flatteuse à l’excès pour le roi, fut très goûtée de l’Assemblée. La meilleure chose qu’elle contînt, la demande d’une garde bourgeoise, fut la seule qu’on en ôta[1].

  1. Il n’est pas invraisemblable que le duc d’Orléans, voyant qu’on ne sol-