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le 6 juin, proposa qu’on armât Paris, et le premier cria : « Aux armes ![1] »

Fauchet, Bonneville, Bertolio, Carra, un violent journaliste, firent les motions hardies[2] qui auraient dû se faire d’abord dans l’Assemblée nationale : 1o la garde bourgeoise ; 2o l’organisation prochaine d’une vraie commune, élective et annuelle ; 3o une adresse au roi pour l’éloignement des troupes et la liberté de l’Assemblée, pour la révocation du coup d’État du 23.

Le jour même de la première assemblée des électeurs, comme si le cri : « Aux armes ! » eût retenti dans les casernes, les soldats des Gardes-françaises, retenus depuis plusieurs jours, forcèrent la consigne, se promenèrent dans Paris et vinrent fraterniser avec le peuple au Palais-Royal. Déjà, depuis quelque temps, des sociétés secrètes s’organisaient parmi eux ; ils juraient de n’obéir à aucun ordre qui serait contraire aux ordres de l’Assemblée. L’acte du 23, dans lequel le roi déclare de la manière la plus forte qu’il ne changerait jamais l’institution de l’armée, c’est-à-dire que la Noblesse aurait toujours tous les grades, que le roturier ne pourrait monter, que le soldat mourrait soldat, cette déclaration insensée dut

  1. Nulle part, cependant, on ne comptait davantage sur la faiblesse du peuple.

    La douceur connue des mœurs parisiennes, la multitude des fonctionnaires, des gens de finance, qui ne pouvaient que perdre au mouvement, la foule de ceux qui vivaient d’abus, tout avait fait croire, avant les élections, que Paris se montrerait très bourgeois, mou et timide. (Voir Bailly, p. 16, 150.)

  2. Dussaulx, Œuvres des sept jours, p. 271 (édit. de 1882).