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Les temps faibles ne comprendront plus comment, parmi ces tragédies sanglantes, un pied dans la mort même, ces hommes extraordinaires ne rêvaient qu’immortalité. Jamais tant d’idées organiques, tant de créations, tant de souci de l’avenir ! une tendresse inquiète pour la postérité ! Et tout cela, non pas, comme on le croit, après les grands périls, mais au fort de la crise. Le livre de Despois (Vandalisme révolutionnaire) inaugure admirablement pour cet âge une histoire nouvelle, celle de ses créations.

J’ai mieux compris le mot du vénérable Lasteyrie. Lui parlant de ces temps et de l’impression qu’il en eut (lui fort exposé, en péril), j’en tirai ce mot seul : « Monsieur, c’était très beau ! — Mais vous pouviez périr ! Vous cachiez-vous ? — Moi, point. J’allais, j’errais en France. J’admirais… Oui, c’était très beau. »


La Révolution, a-t-on dit, a eu un tort. Contre le fanatisme vendéen et la réaction catholique, elle devait s’armer d’un credo de secte chrétienne, se réclamer de Luther ou Calvin.

Je réponds : Elle eût abdiqué. Elle n’adopta aucune Église. Pourquoi ? C’est qu’elle était une Église elle-même.