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du 20 juin fut fondée en droit, si sa loyauté de royaliste et son devoir de citoyen ont été d’accord… Et là même, dans l’émigration, parmi tous les préjugés de la haine et de l’exil, il se répond : « Oui ! »

« Oui, dit-il, le serment fut juste ; on voulait la dissolution, elle eût eu lieu sans le serment ; la cour, délivrée des États, ne les eût convoqués jamais ; il fallait renoncer à fonder cette constitution réclamée unanimement dans les vœux écrits de la France… » — Voilà ce qu’un royaliste, le modéré des modérés, un juriste habitué à trouver des décisions morales dans les textes positifs, prononce sur l’acte primordial de notre Révolution.

Que faisait-on pendant ce temps à Marly ? Le samedi et le dimanche, Necker fut aux prises avec les gens du Parlement auxquels le roi l’avait livré, et qui, avec le sang-froid qu’ont parfois les fous, bouleversaient son projet, en effaçaient ce qui l’aurait pu faire passer, lui étaient son caractère bâtard, pour en faire un pur coup d’État, brutal, à la Louis XV, un simple lit de justice, comme le Parlement en avait subi tant de fois. Les discussions furent poussées dans la soirée. Ce fut à minuit seulement que le président apprit dans son lit que la séance royale ne pouvait avoir lieu le matin, qu’elle était remise à mardi.

La Noblesse était venue le dimanche à Marly, à grand bruit et en grand nombre. Elle avait, dans une adresse, remontré au roi qu’il s’agissait de lui, maintenant, bien plus que de la Noblesse. La cour s’était animée d’audace chevaleresque ; les gens d’épée sem-