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mon papier semblait enivré de mes larmes.

De cette âme agrandie il m’a été donné d’embrasser l’infini de la Révolution, de la refaire dans la variété de ses âges, de ses points de vue. C’eût été lui faire tort que d’en adopter un, de dénigrer le reste. Les opposés y concordent au fond. La grande âme commune, en chaque parti qui la révèle, est sentie, est comprise par des peuples divers, et le sera par d’autres générations dans l’avenir. Ce sont autant de langues que la Révolution, ce grand prophète, a parlées pour toute la terre. Chacun avait son droit et devait être reproduit.

Enfermer la Révolution dans un club, c’est chose impossible. Le travail infini, la passion sincère de Louis Blanc n’y a pas réussi. Mettre cet océan dans la petite enceinte du petit cloître jacobin ! Vaine entreprise. Elle déborde de toutes parts. Elle y eut sa police contre la trahison, son œil, son gardien vigilant. Mais sa vraie force active, la Montagne elle-même en ses plus grands acteurs qui discouraient fort peu, ne siégeait pas aux Jacobins.

Le temps, qui peu à peu dit tout, et la publication des documents ne permettent plus d’être exclusif. L’apologie de la Gironde, si véhémente