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plus divisé, plus craintif, voulut voir venir les choses ; les prélats, d’ailleurs, croyaient avec le temps gagner des voix parmi les curés.

Six jours perdus. Le 12 mai, Rabaut de Saint-Étienne, député protestant de Nîmes, fils du vieux martyr des Cévennes, proposa de conférer pour amener la réunion. À quoi le Breton Chapelier voulait qu’on substituât « une notification de l’étonnement où le Tiers se trouvait de l’absence des autres ordres, de l’impossibilité de conférer ailleurs qu’en réunion commune, de l’intérêt et du droit qu’avait chaque député de juger la validité du titre de tous ; les États ouverts, il n’y a plus de député d’ordre ou de province, mais des représentants de la nation ; les députés du privilège y gagnent, leurs fonctions en sont agrandies ».

L’avis de Rabaut l’emporta, comme le plus modéré. Des conférences eurent lieu et elles ne servirent qu’à aigrir les choses. Le 27 mai, Mirabeau reproduit un avis qu’il avait ouvert, d’essayer de détacher le Clergé de la Noblesse, de l’inviter à la réunion, « au nom du Dieu de paix ». L’avis était très politique ; nombre de curés attendaient impatiemment l’occasion de se réunir. La nouvelle invitation faillit entraîner l’ordre entier. À grand’peine les prélats obtinrent un délai. Le soir, ils coururent au château, au comité Polignac. Par la reine[1], on tira du roi une lettre où

  1. Droz, II, 189. — Le témoignage de M. Droz a souvent le poids d’une autorité contemporaine ; souvent il nous transmet les renseignements et révélations verbales de Malouet et d’autres acteurs importants de la Révolution.