Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La cour seule, il faut l’avouer. L’affaire venait tellement à point pour elle qu’on pourrait l’en croire auteur. Il est néanmoins plus probable qu’elle ne la commença point, mais la vit avec plaisir, ne fit rien pour l’empêcher et regretta qu’elle finît. Le faubourg Saint-Antoine n’avait pas alors sa terrible réputation ; l’émeute sous le canon même de la Bastille ne semblait pas dangereuse.

Les nobles de Bretagne avaient donné l’exemple de troubler les opérations légales des États provinciaux, en remuant les paysans, en lançant contre le peuple une populace mêlée de laquais. À Paris même, un journal, l’Ami du roi, peu de jours avant l’affaire Réveillon, semblait essayer des mêmes moyens : « Qu’importent ces élections ? disait-il hypocritement, le pauvre sera toujours pauvre ; le sort de la plus intéressante portion du royaume est oublié, » etc. Comme si les premiers résultats de la Révolution que ces élections commençaient, la suppression de la dîme, la suppression de l’octroi et des aides, la vente à bas prix de moitié des terres du royaume, n’avaient pas produit la plus subite amélioration dans le sort du pauvre qu’aucun peuple eût vue jamais !

Le 29 avril, au matin, tout se retrouva tranquille. L’assemblée des électeurs put reprendre paisiblement ses travaux. Ils durèrent jusqu’au 20 mai, et la cour obtint l’avantage qu’elle s’était proposé par cette convocation tardive, d’empêcher la députation de Paris de siéger aux premières séances des États