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l’homme du roi, la royauté en était-elle le soutien ou le remède ?

Que le clergé fût un abus et la noblesse un abus, cela était trop évident :

Le privilège du clergé, fondé sur l’enseignement et l’exemple qu’il donnait jadis au peuple, était devenu un non-sens. Personne n’avait moins la foi. Dans sa dernière assemblée, il s’agite pour obtenir qu’on punisse les philosophes, et, pour le demander, députe un athée et un sceptique, Loménie et Talleyrand.

Le privilège de la noblesse était de même un non-sens. Jadis elle ne payait pas, parce qu’elle payait de son épée. Elle fournissait le ban, l’arrière-ban, vaste cohue indisciplinée, qu’on appela la dernière fois en 1674. Elle continua de donner seule les officiers, fermant la carrière aux autres, rendant impossible la création d’une véritable armée. L’armée civile, l’administration, la bureaucratie fut envahie par la noblesse. L’armée ecclésiastique, dans ses meilleurs postes, se remplit aussi de nobles. Ceux qui faisaient profession de vivre noblement, c’est-à-dire de ne rien faire, s’étaient chargés de faire tout. Et rien ne se faisait plus.

Le clergé et la noblesse, encore une fois, étaient un poids pour la terre, la malédiction du pays, un mal rongeur qu’il fallait couper. Cela sautait aux yeux de tous.

La seule question obscure était celle de la royauté. Question non de pure forme, comme on l’a tant