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unanimement : Non… Ce qui doit se faire se fasse !

En attendant, je vois la Révolution partout, dans Versailles même. Tous l’admettent, jusqu’à telle limite où elle ne les blessera pas. Louis XVI jusqu’aux plans de Fénelon et du duc de Bourgogne, le comte d’Artois jusqu’à Figaro ; il force le roi de laisser jouer le terrible drame. La reine veut la Révolution, chez elle au moins, pour les parvenus ; cette reine, sans préjugés, met les grandes dames à la porte, pour garder sa belle amie, Mme de Polignac.

L’emprunteur Necker tue lui-même les emprunts en publiant la misère de la monarchie. Révolutionnaire par la publicité, il croit l’être par ses petites assemblées provinciales où les privilégiés diront ce qu’il faut ôter aux privilégiés.

Le spirituel Calonne vient ensuite, et ne pouvant, en crevant la caisse publique, saouler les privilégiés, il prend son parti, les accuse, les livre à la haine du peuple.

Il a fait la Révolution contre les notables. Loménie, prêtre philosophe, la fait contre les parlements.

Calonne dit un mot admirable, quand il avoua le déficit, montra le gouffre qui s’ouvrait : « Que reste-t-il pour le combler ? Les abus. »

Cela était clair pour tous. La seule chose qui le fût moins, c’était de savoir si Calonne ne parlait pas au nom du premier des abus, de celui qui soutenait tous les autres, qui faisait la clef de voûte du triste édifice ?… En deux mots, ces abus, dénoncés par