mais obéissent… « Sentimentalité pure », disent-ils en tâchant de sourire. Ils n’en suivent pas moins ces rêveurs. Les philosophes eux-mêmes, les abstracteurs de quintessence, vont malgré eux par la voie simple du pauvre Vicaire savoyard.
Et que s’est-il donc passé ? Quelle lumière divine a donc lui, pour faire un si grand changement ? Est-ce la force d’une idée, d’une inspiration nouvelle, d’une révélation d’en haut ?… Oui, il y a eu révélation. Mais la nouveauté des doctrines n’est pas ce qui agit le plus. Il y a ici un phénomène plus étrange, plus mystérieux, une influence que ressentent ceux même qui ne lisent pas, qui ne pourraient jamais comprendre. On ne sait d’où cela vient, mais depuis que cette parole ardente s’est répandue dans les airs, la température a changé, c’est comme si une tiède haleine avait soufflé sur le monde ; la terre commence à porter des fruits quelle n’eût donnés jamais.
Qu’est-ce cela ? Si vous voulez que je vous le dise, c’est ce qui trouble et fond les cœurs, c’est un souffle de jeunesse ; voilà pourquoi nous cédons tous. Vous nous prouveriez en vain que» cette parole est trop souvent faible ou forcée, parfois d’un sentiment vulgaire. La jeunesse est telle, telle la passion. Tels nous fûmes, et si parfois nous retrouvons là les faiblesses de notre jeune âge, nous n’y ressentons que mieux le charme doux et amer du temps qui ne reviendra plus.
Chaleur, mélodie pénétrante, voilà la magie de Rousseau. Sa force, comme elle est dans l’Émile et le