Le roi pouvait ce qu’il voulait.
Il était salué de tous le triomphant César, vainqueur des Helvétiens.
À lui de défendre la chrétienté, de résister au conquérant Sélim, nouveau Mahomet II.
À lui de balancer le monstre hétérogène du triple empire de Charles-Quint, qui, se formant de mort en mort et par successions, sans bruit, tout doucement, menaçait bientôt d’engloutir l’Europe.
À lui enfin de délivrer l’Italie et de prendre Rome, de réformer l’Église.
Le pape avait raison de craindre et de dire : « Que deviendrons-nous ? »
Cette grande force de François Ier n’était pas seulement de circonstance et de situation : elle était aussi personnelle. Tout réussit à la jeunesse, tout lui sourit. La sienne véritablement faisait grande illusion. Ce qu’on voyait de mal en lui, on l’attribuait à ses vingt ans ; mais le bien dominait, et la belle apparence. Ce magnifique jeune homme fascinait tout le monde, par la parole et par l’épée, par cette figure aimable qui, après Marignan, apparut imposante. Elle n’était point fine, mais forte et belle alors. L’hilarité menteuse qu’il avait dans les yeux semblait gaieté française et noble gaillardise de gentilhomme et de soldat. Ni Charles VIII, ni Louis XII, les sauveurs prédits par Savonarole, n’avaient répondu aux exigences de l’imagination populaire ; l’un petit, mal bâti, difforme par sa grosse tête, l’autre cacochyme, bourgeois, roi des bourgeois. Celui-ci, au contraire, beau de race, de fleur de jeu-