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HISTOIRE DE FRANCE

Tel il meurt à Nancy. Et tel survient son gendre, le grand chasseur Maximilien, Autrichien-Anglo-Portugais. La discorde de race n’est pas fureur dans celui-ci, mais vertige, vaine agitation, course étourdie jusqu’à la mort ; un lutin hante son cerveau, le poursuit, le mène et démène, ne le laissant pas respirer une heure.

Le produit de ces deux folies, le fils de Max, le petit-fils de Charles, Philippe, ne vivra pas. Ce beau joueur de paume s’use à la balle, aux amusements puérils, et il meurt à ce champ d’honneur. Pas assez tôt, pourtant, pour qu’il ne soit pas marié ; aux deux éléments de folie qu’il tient de ses parents, il en joint un troisième, la mélancolie sombre de Jeanne-la-Folle. Celleci, produit infortuné du mariage forcé des peuples espagnols, de la chevaleresque Isabelle de Castille avec le vieux marane avare, Ferdinand d’Aragon, consomme en un enfant l’accord clés trois folies, des trois discordes. Ce chaos d’éléments divers s’incarne en Charles-Quint.

J’ai pitié de la tête qui doit contenir tout ceci. Tête flamande heureusement, où tout arrive calmé, pâli, demi-éteint. Celui-ci, qui est la résultante de vingt peuples brisés, leur conciliation artificielle et laborieuse, instruit, informé à merveille, parfaitement dressé à soutenir son rôle immense, il n’en embrasse la complexité qu’à condition d’amoindrir, d’affaiblir et d’énerver tout. La vieille sève allemande est-elle en lui ? Oh ! non ! Maximilien lui-même ne fut Allemand que par sa fougue du Tyrol. La noblesse du pays du