commencé le mouvement du monde ; celles d’Italie, d’Allemagne, des Pays-Bas, ont suivi, créant d’un seul coup tous les arts, toutes les formes de civilisation qu’aura l’Europe jusqu’au seizième siècle.
Mais la ruine épouvantable de notre Midi, qui s’est affaissé dans les flammes, sous la torche des papes et des rois, instruit assez nos communes du Nord. À l’oppression locale d’un seigneur du voisinage, on croyait pouvoir résister. Le seigneur universel, lointain, mystérieux, le roi, qui paraît au treizième siècle armé de la double puissance de l’État et de l’Église, est-il quelqu’un d’assez fou pour vouloir lutter contre lui ? Le cœur n’avait pas baissé dans les luttes féodales. Mais ici il baisse ; on s’effraye ; on commence à se regarder, dans chaque ville, avec défiance. Il y a les hommes de la ville, mais il y a les hommes du roi. À la première discussion, croyez bien que ces derniers, contre les magistrats du lieu, « qui oppriment le pauvre peuple », vont appeler ce maître lointain, et personne n’y contredira. Les villes italiennes invoquent le podestat étranger, le capitaine étranger ; les villes françaises appellent ce podestat supérieur le prévôt ou juge du roi. Dans ses mains, agenouillés, ils résignent la commune, l’élection, le gouvernement de soi par soi, tous leurs droits de régler leur propre sort. L’épée de justice passe aux mains d’un homme étranger à la coutume et qui n’en sait pas la justice. La vieille voix de la cité, le beffroi descend de sa tour. La ville rentre dans le silence, et si la cloche y sonne encore, c’est la cloche monastique qui sonne au profit