prétexte de la guerre des Turcs. Gonzalve, le grand capitaine, joua très bien son petit rôle. Frédéric ayant quelques doutes, il jura, protesta et parvint à le rassurer, occupa toutes ses places. Mais les Français arrivent, le tour est fait ; Gonzalve s’en tire avec un distinguo : celui qui a juré, c’était l’homme du roi d’Espagne, et non Gonzalve ; et le roi n’est pas engagé non plus par un serment fait sans son aveu. Le fils de Frédéric gardait encore une place ; Gonzalve s’en empara en jurant sur l’hostie la liberté du prince, qu’il fit arrêter aussitôt.
Cette conquête si facile, nous la souillâmes par un grand massacre à Capoue ; toutes les femmes furent violées, moins quarante que notre ami César se réserva et envoya à Rome, pour amuser la cour dans la fête qui se préparait. Fête splendide pour un honneur inespéré que recevaient les Borgia. Cette Lucrèce, à qui il avait tué son amant préféré (son frère), et dont il étrangla le mari, il la dédommageait en la mariant à l’héritier de Ferrare. La maison d’Este, si fière, qui ne s’alliait guère qu’aux rois, avait ambitionné l’alliance des bâtards d’Alexandre VI, l’ex-avocat de Valence. Elle voyait César venir à elle, et elle était instruite, par l’atroce tragédie du jeune Astorre (et de tant d’autres), de ce qu’elle avait à attendre.
Le 4 septembre 1501, Lucrèce, veuve de trois mois d’un homme assassiné, quitta le deuil, et cavalcada par la ville avec Alfonse de Ferrare jusqu’à Saint-Jean de Latran. Le coup d’œil était magnifique. Deux cents dames de Rome, superbement montées, chacune