Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 7.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
AVÈNEMENT DE CÉSAR BORGIA

Une seule ville résista, tout y fut massacré. Le peuple, chargé d’impôts, fut ravi de voir finir la guerre ; il reçut Louis XII avec une joie folle. Sous un si grand roi, et si riche, on n’aurait plus rien à payer. La foule se précipite au-devant de lui jusqu’à une lieue de Milan ; quarante beaux enfants en drap d’or chantaient des hymnes au libérateur de l’Italie.

La noblesse eut à se louer de Louis XII ; il lui rendit ses droits de chasse. Pour le peuple, il allégea peu son fardeau. Son général Trivulce, exilé milanais, haï de tous, était insultant et féroce. Sur la place même de Milan, il tua des hommes de sa main.

La guerre devant nourrir la guerre, Ferrare fut durement rançonnée ; puis Bologne, Florence enfin. Elle paya pour ravoir Pise. Grande honte ! Et ce n’était pas la plus grande. L’alliance du roi avec les Borgia se révéla dans son horreur. En décembre, deux mois après l’entrée du roi à Milan, César Borgia de France (il prit ce titre) eut à son tour son entrée triomphale dans Imola, peu après dans Forli. Trois cents lances françaises, sous les ordres du brave et honnête Yves d’Alègre, durent l’assister, lui ouvrir la Romagne. Il avait aussi quatre mille Suisses, payés de l’argent de l’Église, mais sous un commandant français. Misérable instrument, condamné à servir un Néron, Yves dut assiéger, forcer et ruiner la régente de Forli, la vaillante Catherine Sforza. Elle avait éloigné son fils, et dès lors, ne craignant plus rien, elle lutta, comme une lionne, dans la ville, dans le fort, puis de tour en tour. Yves emporta la dernière, prit Catherine, la