fécond esprit. Et elle n’en fut pas absorbée. Tout au contraire, elle trouva sa propre originalité dans ce contact, elle devint elle-même, pour le salut de l’Europe et de l’esprit humain ; elle-même, je veux dire le vivant organe de la Renaissance.
Ni les Espagnols ni les Allemands ne comprirent rien à l’Italie.
L’invasion était infaillible, commencée dès longtemps ; l’Italie la voulait et y travaillait. L’invasion des deux fanatismes, musulman, espagnol, aurait été un fait horrible sans le contrepoids de la France.
Là était son vrai rôle, sa mission. Nous ne reprochons nullement aux ministres de Charles VIII d’avoir présenté leur maître comme chef de l’Europe contre les Turcs, et d’avoir cherché en Italie l’avant-poste de la défense générale. Nous les blâmons seulement de n’avoir pas persévéré.
Une mesure étonnante pour les contemporains de Comines, de Machiavel, ce fut celle qu’on avait louée dans saint Louis, et qu’on blâma dans Charles VIII, celle d’ouvrir son règne par une restitution. À ses voisins Maximilien et Ferdinand, il rendit les conquêtes de Louis XI, le Roussillon, la Franche-Comté et l’Artois, ne leur demandant rien que de lui permettre de les couvrir des Turcs et de respecter en lui le défenseur de la chrétienté.
Cela pouvait être hasardeux ; mais sans nul doute on achetait ainsi les sympathies de l’Europe, on partait avec tous ses vœux. Cette faute, si c’en était une,