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LOUIS XI

dans une course d’York à Londres, ils raflèrent tout, jusqu’aux vases d’autel. Alors la forte Angleterre du midi, tout ce qui possédait, se leva, et marcha au nord. Édouard et Warwick en tête ; tous aimaient mieux périr que d’être pillés une seconde fois. Nulle grâce a faire ni demander ; et c’était pourtant la semaine sainte… Le temps était celui d’un vrai printemps anglais, affreux ; la neige aveuglait, on ne voyait goutte à midi, on se tuait à tâtons. Ils n’en continuèrent pas moins consciencieusement leur sanglante besogne, le jour, la nuit, et tout le second jour. L’idée fixe de la propriété en péril, le home and property les tint inébranlables. Au soir enfin, les gens de la Rose sanglante, quand les bras leur tombaient, virent venir encore un bataillon de pâles Roses, et ils comprirent qu’ils étaient morts ; ils reculèrent lentement, mais ils reculaient dans une rivière ; le Corck roulait derrière eux.

Édouard fut roi. Dès lors celui qui l’avait fait roi, Warwick, se liant peu à sa reconnaissance, regarda au dehors et se mit a calculer s’il trouverait mieux compte à le servir ou à le vendre.

Louis XI avait une sincère estime pour les hommes de ruse, pour ceux du moins qui réussissaient ; il semble avoir aimé Warwick, à sa manière, comme il aimait Sforza. L’Anglais, selon toute apparence, reçut de solides gages de cette amitié. Qui fouillerait bien Warwick-Castle trouverait peut-être dans cette royale fondation l’argent de Louis XI. On le croirait volontiers quand on voit celui-ci peu inquiet de l’immense