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LOUIS XI

qu’il se mit a genoux devant lui, qu’il reçût de lui le coup de plat d’epée… « Le roi enfin se tanna. »

Au banquet, il dina, couronne en tête ; mais comme eette couronne du sacre était large et ne tenait pas juste, il la mit tout bonnement sur la table, et, sans faire attention aux princes, il causa tout le temps avec Philippe Pot, qui était au dos de sa chaise, un gentil et subtil esprit. Cependant à grand bruit arrivèrent, au travers du banquet, des gens chargés qui portaient des « nefs, drageoir ct tasses d’or »; c’était le don que faisait le duc de Bourgogne pour le joyeux avénement. Il ne s’en tint pas là ; if voulut faire hommage au roi de ce qu’il avait au royaume, et promit service méme pour ce qui était terre d’Empire[1]. Il risquait peu de faire hommage a celui chez qui il avait garnison si près de Paris.

Et Paris même n‘était-il pas a lui ? Quoiqu'il n’y eût pas été depuis vingt-neuf ans, le vieux quarter des halles, où il avait son hôtel d’Artois, ne l'avait jamais oublié. A l’entrée, un boucher lui cria : « O franc et noble duc de Bourgogne, soyez le bienvenu en la ville de Paris ! il y a longtemps que vous n’y fûtes, quoiqu’on vous ait bien désiré. »

Le duc fit justice à Paris par son maréchal de Bourgogne, et sans appel ; mais il y fit bien plus grâce et plaisir. Il donna tant à tant de gens, qu’on aurait dit qu’il était venu acheter Paris et le royaume. Tous venaient demander, comme si Dieu fût descendu sur

  1. App. 9.