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HISTOIRE DE FRANCE

accompagna le saint vase à l’autel, et « il se rua encore à genoux. » L’évêque de Laon le relevait pour la lui faire baiser, mais trop grande était sa dévotion, il restait sur les genoux, toujours en oraison, les yeux fixés sur la Sainte Ampoule.

Il endura en roi chrétien tous les honneurs du sacre. Les pairs prélats et les pairs princes l’ayant placé entre des rideaux, il fut dépouillé, puis, dans sa naturelle figure d’Adam, présenté à l’autel. « Il s’y rua à genoux », et reçut l’onction des mains de l’archevêque ; il fut, selon le rituel, oint au front, aux yeux, à la bouche, de plus au pli des bras, au nombril, aux reins. Alors ils lui passèrent la chemise, l’habillèrent en roi, et l’assirent sur son siège royal.

Ce siège était élevé à une hauteur de vingt-sept pieds. Tous se tinrent un peu en arriére, sauf le premier pair, le duc de Bourgogne, « lequel lui assit en tête son bonnet ; puis il prit la couronne, et, la levant en haut à deux mains, afin que tout chacun la vît, la soutint un peu longuement au-dessus de la tête du Roi, puis lui assit bien doucement au chef, criant : « Vive le Roi ! Montjoie Saint-Denis ! » La foule cria après le duc de Bourgogne.

Toute la cérémonie se faisait par le duc de Bourgogne, « comme de le mener à l’offrande, de lui ôter et remettre sa couronne à l’heure du lever-Dieu, puis de le descendre en bas et le ramener au grand autel. » Longue et laborieuse cérémonie ; le plus pénible, c’est que le roi, voulant faire des chevaliers, dut l’être d’abord, de la main de son oncle. Il fallut