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LOUIS XI

tout au contraire, c’est qu’il avait perdu son gouvernement de Guyenne.

Les grands s’étaient crus forts, mais le roi, pour leur lier les mains, n’eut qu’à parler aux villes. En Normandie, il remet Rouen à la garde de Rouen[1] ; en Guyenne, il appelle à lui les notables[2] ; en Auvergne, en Touraine, il autorise les gens de Clermont[3] et de Tours à s’assembler « par cri public », sans consulter personne. En Gascogne, son messager, en passant, fait ouvrir les prisons. À Reims, et dans plus d’une ville, le bruit court que, sous le roi Louis, il n’y aura plus ni taxe ni taille[4].

Dès son arrivée dans le royaume, sur la route, et sans perdre de temps, il change les grands officiers ; en arrivant, tous les sénéchaux et baillis, les juges d’épée. Il fait poursuivre son ennemi Dammartin[5], l’ancien chef d’écorcheurs, qui avait fait tous les capitaines royaux, et pouvait tout sur eux. M. de Brezé, grand sénéchal de Normandie et de Poitou,

  1. App. 3.
  2. « Faites assembler tous les habitants, nobles, gens d’Église et autres. De ce que fait aura esté, nous faictes faire réponse par deux des plus notables bourgeois des principales villes de Guyenne. » Maubeuge, 27 juillet (Lenglet.) La lettre adressée aux gens de Rouen doit être aussi du 26 ou 27, puisqu’elle arriva à Rouen le 29. Charles VII était mort le 22. L’arrestation de Somerset est du 3 août.
  3. Ordonnances, XV, XVIII.
  4. Voir plus bas les révoltes des villes. — « Ses povres subjects cuidoient avoir trouvé Dieu par les pieds… » (Chastellain.)
  5. Voir le beau et naïf récit dans les preuves de Comines, de Lenglet-Dufresnoy. — Rien de plus curieux. Les sots croient le pauvre homme décidément à terre, et ils se mettent à piaffer dessus ; le très fin Reilhac, qui connait mieux le maitre, sait bien que la rancunce cédera à l’intérêt, qu’un homme si utile sera relevé tôt ou tard ; il accueille le messager du proscrit, secrètement, bien entendu, et sans se compromettre.