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HISTOIRE DE FRANCE

ses dernières ressources. On peut juger de sa détresse par un seul fait qui en dit beaucoup : c’est qu’il ne pouvait plus payer son Parlement, que cette cour cessa tout service, et que l’entrée même du jeune roi Henri ne put être, selon l’usage, écrite avec quelque détail sur les registres, « parce que le parchemin manquait[1] ».

Dans une telle situation, Bedford n’avait pas le choix des moyens. Il fallut qu’il se remît à l’homme qu’il aimait le moins, à son oncle, le riche et tout-puissant cardinal de Winchester. Mais celui-ci, non moins avare qu’ambitieux, se faisait marchander et spéculait sur le retard[2]. Le traité ne fut conclu que le 1er juillet, le surlendemain de la défaite de Patay. Charles VII entrait à Troyes, à Reims ; Paris était en alarmes, et Winchester était encore en Angleterre. Bedford, pour assurer Paris, appela le duc de Bourgogne. Il vint en effet, mais presque seul ; tout le parti qu’en tira le régent, ce fut de le faire figurer dans une assemblée de notables, de le faire parler, et répéter encore la lamentable histoire de la mort de son père. Cela fait, il s’en alla, laissant pour tout secours à Bedford quelques hommes d’armes picards ; encore fallut-il qu’en retour on lui engageât la ville de Meaux[3].

  1. App. 35.
  2. Dès le 15 juin, on presse des vaisseaux pour son passage ; les conditions auxquelles il veut bien aider le roi, son neveu, ne sont réglées que le 18 ; le traité est du 1er juillet, et le 16, le régent et le conseil de France en sont encore à prier Winchester de venir et d’amener le roi au plus vite. Voy. tous ces actes dans Rymer.
  3. On lui donna en outre vingt mille livres, pour payement de gens d’armes. (Archives, Trésor des chartes, J, 249 ; quittance du 8 juillet 1429.)