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HISTOIRE DE FRANCE

spirituel compatriote Callot ; l’un est le canonnier maître Jean, qui faisait si bien le mort ; l’autre est un chevalier qui fut pris par les Anglais, chargé de fers et qui à leur départ revint à cheval sur un moine anglais[1].

La Lorraine des Vosges a, il est vrai, un caractère plus grave. Cette partie élevée de la France d’où descendent de tous côtés des fleuves vers toutes les mers, était couverte de forêts, forêts vastes et telles que les Carlovingiens les jugeaient les plus dignes de leurs chasses impériales. Dans les clairières de ces forêts s’élevaient les vénérables abbayes de Luxeuil et de Remiremont ; celle-ci, comme on sait, gouvernée par une abbesse qui était princesse du Saint-Empire, qui avait ses grands officiers, toute une cour féodale, qui faisait porter par son sénéchal l’épée nue devant elle. Cette royauté de femme avait eu pour vassal, et pendant longtemps, le duc de Lorraine.

Ce fut justement entre la Lorraine des Vosges et celle des plaines, entre la Lorraine et la Champagne, que naquit, à Dom-Remy, la belle et brave fille qui devait porter si bien l’épée de France.

Il y a quatre Dom-Remy le long de la Meuse dans un cercle de dix lieues, trois du diocèse de Toul, un de celui de Langres[2]. Probablement, ces quatre villages étaient, dans des temps plus anciens, des domaines de l’abbaye de Saint-Remy de Reims[3]. Nos grandes

  1. Histoire au vray du siège.
  2. Il y a encore un Dom-Remy, mais plus loin de la Meuse.
  3. La Pucelle étant née dans un ancien fief de Saint-Remy, on comprend